Depuis l’origine du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, les pèlerins ont emprunté les voies de communication utilisées par tous les autres voyageurs. Sauf à proximité immédiate des sanctuaires, il n’y avait pas à proprement parler de chemins de pèlerinage spécifiques.

C’est à partir de 1882, avec l’impression du dernier livre du Codex Calixtinus, recueil composé au XIIème siècle, que s’est répandue la notion de chemins de pèlerinage. Ce livre commence, en effet, par ces mots : « Quatre chemins vont à Saint-Jacques,… » . Très sommairement décrits, ces chemins portent les noms des villes qu’ils traversent :

  •  via Turonensis, qui  passe par Paris a pris son nom en référence à la ville de Tours qu’elle traverse. C’est le chemin de Paris.
  • via Lemovicensis, qui doit son nom à la ville de Limoges, mais plus connue aujourd’hui sous le nom de chemin de Vézelay. Pour en savoir plus..
  • via Podensis, qui tire son nom du Puy en Velay.
  • via Tolosana, qui tire son nom de la ville de Toulouse, mais plus connue aujourd’hui sous le nom de chemin d’Arles.
carte chemin

Ce n’est qu’à partir de 1987, avec la définition des Chemins de Compostelle comme  »itinéraire culturel européen », que de véritables itinéraires et chemins ont été tracés et balisés en Europe.

Plus récemment, en 1993, le Camino Francès (chemin dit français en Espagne) a été inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. En France, un dossier a été présenté à l’UNESCO sous le titre général « Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France », mais seulement 71 édifices ou ensembles architecturaux et 7 tronçons du GR 65 (Voie du Puy-en-Velay) ont été inscrits le 5 décembre 1998.

Les itinéraires classiques : 

Les quatre principaux itinéraires, que nous avons cités plus haut sont sommairement évoqués dans le Codex Calixtinius, par les principales villes ou lieux remarquables traversés : 

« Il y a quatre routes qui, menant à Saint-Jacques, se réunissent en une seule à Puente la Reina, en territoire espagnol ; l’une passe par Saint-Gilles-du-Gard, Montpellier, Toulouse et le Somport, une autre par Notre-Dame du Puy, Sainte-Foy de Conques et Saint-Pierre de Moissac ; une autre traverse Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, Saint-Léonard en Limousin et la ville de Périgueux ; une autre encore passe par Saint-Martin de Tours, Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Jean d’Angély, Saint-Eutrope de Saintes et la ville de Bordeaux.

La route qui passe par Sainte-Foy, celle qui traverse Saint-Léonard et celle qui passe par Saint-Martin se réunissent à Ostabat, et après avoir franchi le col de Cize, rejoignent à Puente la Reina celle qui traverse le Somport ; de là, un seul chemin conduit à Saint-Jacques ». 

Ce n’est qu’à partir des années 1970 que, sous l’impulsion de la F.F.R. (Fédération Française de Randonnées) et la Société des Amis de Saint Jacques que les quatre chemins contemporains ont été tracés et balisés.

La via Turonensis (1 749 km)

Cette voie passe par Paris et Tours. Ce chemin est emprunté par les pèlerins en provenance de la Picardie, du Hainaut, des Flandres, des Pays-Bas, de Scandinavie ainsi que de Champagne, de Belgique et d’Allemagne. Ces pèlerins rejoignent ceux qui partent de Paris, au pied de la Tour Saint-Jacques (vestige de l’ancienne église de Saint-Jacques de la Boucherie) et prennent ensuite la rue Saint-Jacques, le Faubourg Saint-Jacques et la rue de la Tombe-Issoire.

C’est le Chemin de Paris qui apparaît dans des récits médiévaux comme  »grand chemin de Saint-Jacques ».

La via Lemovicensis (1 691 km)

Cette voie passe par Limoges, d’où son nom. Elle est plus connue sous le nom de voie de Vézelay du nom du sanctuaire qu’elle traverse. Elle était autrefois très fréquentée par des pèlerins venus d’Allemagne, de Hollande, de Belgique et de l’Est de la France. On y croise de nombreux sanctuaires dont ceux de Sainte-Madeleine de Vézelay, Saint-Martial de Limoges ou Saint-Léonard de Noblat.

La Via Podiensis (1 530 km)

Cette voie tire son nom du Puy-en-Velay, grand lieu de pèlerinage marial. C’est la plus ancienne des routes qui mène à Compostelle. Elle fut inaugurée par Godescalc, évêque du Puy-en-Velay, en 951. Elle constituait le prolongement d’une voie d’Europe Centrale, l’Oberstrasse ( »la route haute »). De nombreux pèlerins venus de Pologne, d’Allemagne, de Hongrie, d’Autriche et de Suisse l’utilisaient.

Ce chemin est balisé comme « GR65 » dès Genève ; le trajet entre Le Puy-en-Velay et Genève est appelé via Gebennensis. Elle reste aujourd’hui la voie la plus fréquentée.

La via Tolosana (1 590 km)

Ce chemin part d’Arles et passe par le portail roman de Saint-Gilles-du-Gard et Toulouse. Il était autrefois fréquenté par les pèlerins originaires de Bavière, de Hongrie et d’Italie, en particulier les  »Romieux » en provenance de Rome. Elle a aussi comme nom via Aegidiana, ou route de Saint-Gilles, du nom du sanctuaire de Saint-Gilles-du-Gard ou via Arletasensis, du nom du sanctuaire d’Arles.

Les trois premiers chemins cités se rejoignent dans les Pyrénées-Atlantiques à Ostabat en un endroit appelé Carrefour de Gibraltar. Ce nom ne doit rien au célèbre détroit, mais est dû à une déformation phonétique du sanctuaire de Saint Sauveur, sur la colline, Chabaltore en basque, est devenu chibaltare puis Gibraltar. Une stèle discoïdale a été installée par le docteur Clément Urutibehety, en 1964, pour marquer ce carrefour des chemins.

Après avoir quitté Saint-Jean-Pied-de-Port, dernière étape française, la traversée en Espagne s’effectue par le col de Bentarte ou par Valcarlos en amont du Col de Roncevaux. Le pèlerin de la voie d’Arles passe en Espagne au col du Somport et rejoint les pèlerins venant de Roncevaux à Puente la Reina.

En complément, il existe d’autres chemins permettant de rejoindre l’une de ces voies. Parmi celles-ci, on peut citer :