Le pèlerinage de Compostelle, du Moyen-Âge au XXIème siècle

Vers 800, l’ermite espagnol Pelagius reçoit en rêve le lieu du tombeau de l’Apôtre. Une étoile le guide alors vers un champ, où se trouve le tombeau, c’est le champ des étoiles, le  »campus stellae » qui donnera Compostelle.

C’est au IXème siècle que l’on situe les prémices du pèlerinage de Compostelle, en terre de Galice où les disciples de l’Apôtre Saint-Jacques le Majeur auraient enterré sa dépouille. Saint-Jacques, frère de Saint-Jean et un des premiers martyrs de la chrétienté, aurait eu pour mission de prêcher la parole du Christ dans la péninsule ibérique. Rentré en Palestine, il est décapité sous l’ordre du roi juif, Hérode Agrippa. Recueillie par ses compagnons, sa dépouille aurait été embarquée vers l’Espagne pour s’échouer plus tard sur les côtes de Galice.

Au Moyen-Âge, le culte des reliques est à l’origine des pèlerinages. La nouvelle des reliques dites de Saint-Jacques connue, les pèlerins affluent vers Compostelle. Le roi Alphonse II fait alors ériger une première église, qui sera agrandie en 899. 

En l’an 951, l’Evêque du Puy-en-Velay, Godescalc,  accomplit le pèlerinage à dos de mule et, à son retour, intronise sa ville grand point de départ vers Compostelle. Il va entraîner dans son sillage une vague pérégrine dont nul n’imagine alors l’ampleur qu’elle prendra au cours des siècles. Peu à peu, c’est tout un peuple qui se met en marche, des quatre coins de la France d’abord, puis de plus loin en Europe, d’Allemagne, d’Italie, des Pays-Bas, des Flandres, d’Angleterre…

En 997, les Sarrasins s’empareront du sanctuaire, vite repris par les Chrétiens. Compostelle devient un des symboles de la Reconquista, cette lutte multiséculaire des souverains chrétiens pour reprendre l’Espagne aux Sarrasins. Saint-Jacques sera surnommé   »le matamore », le tueur de maures. 

matamore

Autant que les croisades, Compostelle attire des chevaliers venus guerroyer avec l’infidèle pour obtenir le pardon de leurs fautes.

Du XIème au XIVème siècle, des milliers de  pèlerins se rendent sur les lieux sacrés ; une affluence s’expliquant en partie par la prise de Jérusalem par les turcs au XIIème siècle, empêchant les chrétiens de s’y rendre en pèlerinage. On part vers Saint-Jacques pour demander l’obtention d’une grâce, pour l’accomplissement d’un vœu, pour se faire pardonner une faute, mais aussi découvrir d’autres peuples, d’autres contrées.

Quatre grandes routes traversent la France.

Ces grandes routes sont citées par Aymeri Picaud dans le Guide du Pèlerin de Saint-Jacques, écrit en 1120 :

carte chemin

  • la Via Podensis, au départ du Puy en Velay, passe par Figeac, Conques, Cahors, Moissac
  • la Via Turonensis passe par Paris et traverse Tours, Poitiers, Saintes, Bordeaux
  • la Via Lemovicensis passe par Vézelay et fait étape à Saint-Léonard de Noblat, Limoges, Bergerac
  • la Via Tolosana passe par Arles et traverse Saint-Gilles du Gard, Saint-Guilhem du désert, Castres et Toulouse.

Avec le temps, les régions traversées par le Chemin voient éclore une multitude d’hospices et d’abbayes fondés pour accueillir les pieux marcheurs. Des ordres religieux prennent soin d’eux, on leur offre le gîte et le couvert, on soigne les malades, on porte assistance aux mourants. De grands sanctuaires de pèlerinage voient le jour, dotés de reliques-insignes, conçus pour permettre l’accès à de grandes foules.

Au terme de son périple le pèlerin, un jacquet, se voit remettre une coquille, signe d’un accomplissement aussi physique que spirituel du chemin : il est devenu  »marcheur de Dieu ».

A partir du XVème siècle, les conflits d’intérêts politiques et religieux diminuent la fréquentation des Chemins de Compostelle ; le pèlerinage ne reprendra vraiment son essor qu’au milieu du XXème siècle.

Désormais, malgré la diminution du sentiment religieux dans les pays occidentaux, croyants et athées trouvent un sens personnel au Chemin ; par ailleurs le périple qui mène à Saint-Jacques de Compostelle reste mémorable par la longue marche, la beauté des paysages traversés et par la qualité des rencontres qu’on y noue.

UNESCO et Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France

Le 2 décembre 1998, le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO réuni à Kyoto a inscrit sur la Liste du patrimoine mondial le bien culturel en série intitulé « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ».
Cette inscription fait suite à celle du « Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle » en Espagne en 1993 et à celle de la « Vieille ville de Saint-Jacques-de-Compostelle » en 1985.

Ce bien français (n°868 de la Liste) est constitué d’une sélectionde 78 composantes (64 édifices, 7 ensembles et 7sections de sentier), ce qui en fait le plus grand ensemble patrimonial de France. Il témoigne des aspects spirituels et matériels du pèlerinage, du contexte du pèlerinage médiéval et il résume la diversité des itinéraires innombrables empruntés par les voyageurs.
Il fait partie du cercle prestigieux des 1 073 biens identifiés par l’UNESCO dans le monde. La France en compte aujourd’hui 43.

Un site internet : www.cheminscompostelle-patrimoinemondial.fr

Un ensemble composite représentatif de la pérégrination : 9 cathédrales, 42 églises et basiliques, 1 dolmen associé à une croix de chemin, 4 anciens hôpitaux, 7 abbayes, 7 ponts, 1 porte d’entrée de ville et 7 sections de sentier (160 km).

Pour en savoir plus : lire le dossier de presse de l’ACIR consacré au bien en série : Chemins de Compostelle en France